Wine Information
Hiver 1998, Roger Rex, 74 ans va voir ses vignes comme il le fait chaque jour depuis 50 ans. Mais sa vieille jambe, plusieurs fois fracturée pendant la guerre ne répond plus. Cloué dans son fauteuil, il sait, à son grand désespoir qu’il ne fera pas la prochaine récolte… Mauvaise nouvelle ! ? ! ? Mais pas pour tout le monde. Ses prestigieux crus classés de voisins attendent depuis des années de pouvoir racheter son vignoble.
Il faut dire que Roger détient de ses parents de superbes parcelles d’un terroir exceptionnel, que les plus grands rêvent d’acquérir. Avec leurs moyens financiers quasi illimités, l’affaire ne peut pas leur échapper. Reste à savoir qui sera l’heureux élu. C’est sans compter avec le sacré caractère de Roger Rex. Ce qu’il leur reproche ? C’est peut-être de ne pas assez aimer, de ne pas assez respecter cette terre, que lui, chérie
tellement.
Sur ce registre, il y a un autre candidat aussi passionné que lui, si ce n’est plus, Philippe Porcheron. Il lui fait part d’un projet un peu … beaucoup … complètement fou.
«Roger, vous avez un terroir exceptionnel qui peut produire le meilleur vin que Margaux n’ait jamais vu ».
Philippe Porcheron a donné un coup de main à Roger pour mener à bien sa récolte 1998 et les deux hommes ont ainsi appris à se connaître. Mais de là à oser évoquer un pari aussi fou, il y avait un pas de géant à faire : pari tenu.
A la tête de ce vignoble de 2,5 ha, Philippe Porcheron qui exploite déjà Château Bouqueyran à Moulis, ou Château Rose Sainte Croix à Listrac, connaît la différence entre produire un bon vin et produire un grand vin. Aucun de ses prestigieux voisins ne va lui faciliter la tâche. Il rencontre alors Jean Luc et Muriel Thunevin qui, en 1991 ont réalisé une petite cuvée tout à fait exceptionnelle à St Emilion qui a été le premier « Vin de Garage».
Jean Luc est un perfectionniste ; « un grand terroir doit recevoir 100% de chance de faire un grand vin » : effeuillage, vendanges vertes, tri des raisins, vendanges manuelles, élevage en barriques neuves issues des meilleurs chênes merrains français. Jean Luc délègue à Muriel Andraud sa compagne de mener à bien le projet de Margaux. Muriel et Philippe redoublent d’efforts, passent et repassent dans chaque parcelle de vignes, chaque raisin est surveillé. Tout ce qui n’est pas parfait est implacablement éliminé.
Cette démarche perfectionniste alliée au fabuleux terroir de Margaux a permis d’obtenir des raisins somptueux à la peau épaisse d’un noir sombre et gorgé de sucre. Cueilli en pleine maturité, vinifié avec tous les soins nécessaires afin d’obtenir une grande cuvée, le premier vin de garage à Margaux est né en cet automne 1999. La vinification s’est faite dans le chai, ou plutôt dans le garage de Roger Rex.